Fruit : Jujube indien

On voit en ce moment (août 2017), dans les rues de Phnom Penh, de nombreux vendeurs à la sauvette proposer aux passants des sachets de fruits verts oblongs, de cinq à six centimètres de long. Il s’agit de jujubes indiens, en khmer ពុទ្រា (prononcé [pou-trille]).
Le jujubier indien, Ziziphus mauritiana, est un arbre d’origine probablement indienne, largement cultivé au Cambodge et dans de nombreux autres pays. Le fruit est de couleur verte quand il est jeune puis, en mûrissant, il prend une couleur orangée à brune.
Les Cambodgiens font la distinction entre le fruit vert, qu’ils appellent « jujube au kilo » (ពុទ្រាគីឡូ [pou-trille kilo]), car il est vendu au poids, et le fruit mur, qu’ils appellent « jujube khmer » (ពុទ្រាខ្មែរ), le qualificatif « khmer » n’indiquant pas ici une origine locale (ce qualificatif est souvent utilisé avec une valeur laudative pour les plantes appréciées par les Cambodgiens).
On trouve le jujubier indien dans de nombreux pays outre le Cambodge : Chine (l’arbre est cultivé dans les provinces du Yunnan, du Guangxi, du Guangdong et du Sichuan, ainsi qu’à Taiwan), Thaïlande, Sri Lanka, Inde, Afghanistan, Vietnam, Birmanie, Malaisie, Indonésie, Australie et divers pays d’Afrique. En chinois, on le connaît sous les noms de 滇刺枣 [diāncìzǎo] (jujube à épines du Yunnan), 酸枣 [suānzǎo] (jujue acide) ou encore 缅枣 [miǎnzǎo] (jujube de Birmanie) (voir ici la notice concernant cette espèce dans la version en ligne de la Flore de République Populaire de Chine). En anglais, d’après Wikipedia, on parle de Chinese date (date chinoise), Indian plum (prune indienne) ou encore Indian jujube (jujube indien).
Le jujube indien est différent de son cousin chinois, appelé tout simplement « jujube », ou « jujubier commun », Ziziphus jujuba, qui est originaire de Chine et qui se trouve dans les régions tempérées, tandis que le jujubier d’Inde est plutôt une espèce tropicale, même si cette espèce est très résistante aux variations du climat, et peut s’accommoder de sols difficiles.
Le fruit vert se mange avec la peau. La chair, de saveur acidulée à douce, est blanchâtre et croquante. Les Khmers comme les Thaïs dégustent le fruit en l’accompagnant de sel, ou d’un mélange de sel, de sucre et de piment. On peut aussi le consommer « nature ».
Ce fruit peut également se trouver sous forme de fruit confit, ou séché. J’ai en outre, dans l’un de mes nombreux livres de recettes cambodgiennes, la recette d’une confiture de jujube confectionnée à partir de jujube indien séché et de sucre de palme. Le jujube « chinois » entre parfois dans la composition de certains plats chinois, je suppose qu’on pourrait lui substituer l’espèce que l’on trouve au Cambodge.
Le fruit comporte en son milieu un noyau dur renfermant une amande qui peut, d’après le site Useful Tropical Plants (voir ici), être consommée crue. Ce type de consommation ne semble pas connu au Cambodge, pas plus que la consommation des jeunes feuilles, signalée également sur le site.
Le jujubier indien a encore de nombreux autres usages : son écorce peut donner une teinture de couleur chamois, grise ou rougeâtre. Le bois, solide et résistant, est utilisé en menuiserie, pour la fabrication de manches d’outils, en construction et pour fabriquer une foule d’autres objets en bois.
La plante a également des vertus médicinales : les fruits secs, les graines, les racines, les feuilles sont utilisés dans les médecines traditionnelles de divers pays. On attribue aussi de nombreuses qualités médicinales au fruit frais.
Ci-dessous, une assiettée de jujubes indiens, ainsi qu’un fruit en coupe (photos personnelles).
PS : Pauline Dy Phon signale dans son Dictionnaire des plantes utilisées au Cambodge une autre espèce du genre Ziziphus, sauvage, appelée Z. œnoplia (en khmer សង្ឃ័រ [sang khoa]), dont les fruits, plus petits que ceux du jujubier indien, sont également consommés. Je ne connais pas ce fruit. Le végétal est utilisé en médecine traditionnelle au Bangladesh, où il est connu sous le nom anglais de « jackal jujube » (jujube du chacal). Voir ici l’article en anglais concernant cette espèce. Il est également mentionné dans la Flore de la République Populaire de Chine (voir ici).

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