La chanson populaire cambodgienne ne dédaigne aucun thème : amours et trahisons, bien sûr, mais aussi chansons patriotiques, éloges politiques, histoire… tout peut être mise en musique. La gastronomie cambodgienne peut aussi être le prétexte à chansons. Ainsi, le roi cambodgien de la pop des années 1960-1970, Sin Sisamouth, surnommé le chanteur à la voix d’or, a interprété dans un duo fameux avec la non moins célèbre chanteuse Ros Serey Sothea, une chanson intitulée « Y a-t-il quelque chose de savoureux à Battambang ? » (បាត់ដំបងមានអ្វីឆ្ងាញ់ទេ [bat-dåm-bång mean å-vey chhnganh te]).
Dans la chanson, un jeune homme demande à une jeune fille qui ne le laisse pas de marbre s’il y a quelque chose de savoureux à déguster Battambang. Et la jeune fille, charmée, d’énumérer avec passion les fruits les plus célèbres de la province : mak-preng et mak-prang, noix de coco sucrée, mangue sucrée, orange de Pursat ; dans la deuxième strophe il est question du ph’åk (pâte de poisson fermentée), que le jeune homme propose d’accompagner de tamarin vert, et que l’on trouve dans le village de Steung en prenant la route de la colline Sampov. En poursuivant son chemin, on pourra d’ailleurs pousser jusqu’à la ville de Païlin (qui appartenait auparavant à la province de Battambang).
À Païlin, il faudra penser à goûter aux durions et aux ramboutans, à la belle peau dorée. Battambang et Païlin sont décidément bien envoûtants, si envoûtants que le jeune homme n’a aucunement l’envie de quitter ces lieux pour retourner à Phnom Penh !
Voici le texte en khmer :
Ci-dessous, la chanson interprétée par Sin Sisamouth et Ros Serey Sothea :
Ping : Fruits : mak pang, mak preng, deux anacardiacées en pays khmer | Sinogastronomie