Huizong, l’empereur de Chine spécialiste du thé

Si le thé a en Chine une longue histoire, ce n’est cependant qu’à l’époque de la dynastie des Tang (618-907) que cette boisson est réellement devenue très populaire. C’est de cette époque d’ailleurs que date le premier traité chinois sur le thé, le célébrissime Classique du Thé (《茶经》 [chájīng]), composé par Lu Yu (陆羽 [lù yǔ], 736-804). À partir de cette époque, l’engouement des Chinois pour le thé ne s’est pas démenti.
Pendant la dynastie qui a suivi celle des Tang, la dynastie de Song (960-1279), cet engouement n’a fait que grandir, et les traités sur le thé se sont multipliés. De cette époque, on a conservé jusqu’à nos jours une dizaine de traités, dont un ouvrage intitulé Traité sur le thé (《茶论》 [chálùn]), connu aussi sous le titre de Traité sur le thé de l’ère Daguan (《大观茶论》 [dàguān chálùn]). « Daguan » est le nom de l’une des ères qui marquent le règne de Zhao Ji (赵佶 [zhào jí], 1082-1135), empereur des Song qui a régné sous le nom de Huizong (徽宗 [huīzōng]). Et il se trouve que c’est justement cet empereur Huizong des Song qui est l’auteur de ce Traité sur le thé, paru en 1107.
Ce traité parle essentiellement du thé qui était en vogue à l’époque des Song : le thé présenté sous forme de petites boules ou petites galettes compactes (appelé 团茶 [tuánchá] : thé en boulettes). Pour fabriquer ce thé, les feuilles de thé sont chauffées à la vapeur, puis fortement comprimées pour obtenir la forme désirée. Cette technique de compactage s’est perpétuée jusqu’à nos jours, et c’est notamment sous la forme de galette ou de briquettes que l’on vend le plus souvent un thé bien connu du Yunnan, le thé « pu’er » (普洱茶 [pǔ’ěrchá]) (on trouve encore aujourd’hui en Chine d’autres thés vendus sous forme de galettes compressées).
Dans son traité, l’empereur Huizong parle des différentes zones de production du thé, des méthodes de cueillette des jeunes feuilles, de la cuisson de ces feuilles, de la qualité, et des « concours de thé » (concours pendant lesquels les amateurs rivalisaient dans l’art de la préparation du thé, l’expression chinois signifie littéralement « combat de thés » 斗茶 [dòuchá]), organisés lors de la saison de l’arrivée du thé nouveau dans les échoppes.
Le traité de l’empereur Huizong est très sérieux, et les compétences de cet empereur en matière de thé étaient visiblement indiscutables (ses compétences en tant qu’empereur, en revanche, étaient pour le moins douteuses). Aujourd’hui encore, ce traité est un ouvrage de référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du thé en Chine.
Ci-dessous, deux pages du Traité sur le thé de l’ère Daguan (l’image vient d’ici), et une « brique » de thé (茶砖 [cházhuān]) pu’er qui fait partie de ma petite collection personnelle :
daguan chalunpuer chazhuan

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