Pour le plaisir (16) : Soupe cambodgienne au céleri (ស្ងោរឃិនឆាយ)

La gastronomie cambodgienne semble posséder une variété infinie de soupes. Ces dernières sont tellement diverses que les Cambodgiens ont cru bon de leur attribuer des noms différents selon le mode de préparation. Je connais déjà trois mots que je traduirais en français par « soupe » : សម្ល (prononcer « sâmlâ », qui désigne une soupe mijotée), ស៊ុប ( « soup », c’est le mot français, s’utilise pour des soupes cuites à l’eau) et ស្ងោរ ( « s’ngao » désigne simplement une méthode de cuisson à l’eau). Il existe même un verbe khmer signifiant spécifiquement « préparer la soupe » : ស្ល (« slâ »). (Quand mes recherches dans ce domaine auront avancé, je proposerai ici un billet spécialement consacré à ce que les Cambodgiens appellent les « aliments liquides » : ម្ហូបទឹក.)
En amenant notre petit monstre à l’école, nous passons tous les jours, rue 322, devant une petite échoppe de rue dont la patronne, très sympathique, se plaît à me donner quelquefois des cours théoriques de cuisine cambodgienne. C’est vers cette petite échope que, entre deux traductions, je dirige souvent mes pas lorqu’il s’agit d’apaiser ma faim. La propriétaire-chef de cuisine-maître d’hôtel-comptable se fait un devoir de proposer à sa clientèle une soupe différente tous les jours, si bien que je n’y ai jamais mangé deux fois la même.
Aujourd’hui, au menu était une « soupe au céleri », comportant en abondance : algues, viande de porc hâchée, abats de porc émincés, tofu, oeuf. La surface du mets était joliment parsemée de fins tronçons de ciboulette jetés dans le bol juste avant l’arrivée de ce dernier sur la table. Pour assouvir ma faim, j’ai choisi comme auxiliaires une assiette de riz, une coupelle de tranches boulettes de poisson et une du très courant poulet sauté au gingembre (មាន់ខ្ញី).
Le tout, arrosé d’une bouteille de soda versé sur un verre de glace pilée, n’a fait dans ma bourse qu’un trou de deux dollars.
Voici la soupe :