Expression culinaire khmère de la fugacité

Je lisais de matin un article du khmérologue Olivier de Bernon, consacré à un texte très connu et tenu en haute estime par la Cambodgiens, intitulé La Prédiction de Bouddha. Selon certaines interprétations, ce texte contient les prédictions de nombreux évènements historiques que le Cambodge a connu, y compris dans son histoire la plus récente. Olivier de Bernon explique par exemple que le Premier ministre cambodgien, Samdech Hun Sen, semble prendre ce texte au sérieux, puisqu’il explique apparemment que les affrontements brefs mais violents, qui ont secoué le Cambodge en 1997 (on parle de la « Crise cambodgienne de 1997 »), avaient été prédits dans la fameuse Prédiction. Pour décrire la brièveté des affrontements, le Premier ministre avait utilisé une expression culinaire très imagée : « muoy tiom-eun kampeus » : មួយចម្អិនកំពឹស, qui signifie littéralement « le temps qu’il faut pour cuire un alevin de crevettes ».
Formez l’image mentale d’un wok dont le fond est tapissé d’un filet d’huile, placé sur un feu vif. Lorsque l’huile a atteint la température idoine, versez prestement les petites crevettes (appelées en khmer « kam-peus » កំពឹស), faites sauter deux ou trois fois, et voilà, c’est cuit !
Ci-dessous, une portion de ces petites crevettes cuites, à croquer sans même les décortiquer (la photo est de votre serviteur, elle date du 11 novembre 2013) :

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